La tribune, qui veut aussi revoir tous les noms de «villes, cités et monuments» pour leur rendre leur nom maori, a déjà recueilli plus de 70.000 signatures.
Ne l’appelez plus jamais Nouvelle-Zélande. Une pétition, lancée par Te Pāti Māori (littéralement «le parti maori») invite à ce que le pays de l’océan Pacifique soit débaptisé pour reprendre un nom maori et ainsi, effacer un peu de son passé colonial. Le texte en appelle à la Chambre des Représentants pour que la Nouvelle-Zélande soit désormais appelée «Aotearoa» (à prononcer au-te-ah-ro-uh). Et le parti politique ne s’arrête pas là puisqu’il invite aussi à revoir tous les noms de «villes, cités et monuments» pour leur rendre leur nom maori d’ici à 2026.
Le texte a déjà recueilli 70.000 signatures. Selon le média en ligne Quartz, ce nombre est suffisant pour que le parlement prenne la proposition en considération. Elle pourrait ensuite être votée ou soumise à un référendum. «Cela devrait nous permettre, non seulement de récupérer notre langage, mais aussi de gommer un peu du traumatisme de la colonisation», a déclaré la députée Debbie Ngarewa-Packer, co-dirigeante du parti Te Pati Maori, dans une interview à la NPR américaine.
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Un nom déjà présent sur les billets de banque
Découverte en 1642 par l’explorateur néerlandais Abel Tasman (qui a donné son nom à la Tasmanie), la Nouvelle-Zélande a d’abord été nommée «Staten Landt» puis «Nova Zeelandia» en référence à la Zélande, une province du sud-ouest des Pays-Bas. «Nieuw Zeeland» devint ensuite «New Zealand» quand le pays est intégré à l’empire britannique en 1840.
Selon la dirigeante du parti maori, le mot Aotearoa désignerait les nuages qui auraient aiguillé les premiers navigateurs polynésiens vers ces terres lointaines. Le terme est de plus en plus usité dans le pays : il s’affiche sur certains documents officiels, passeports et même billets de banque. Comme l’explique le Wall Street Journal, un communiqué tout ce qu’il y a de plus officiel, rédigé conjointement par la Nouvelle-Zélande et les États-Unis en mai, faisait même mention de Jacinda Ardern comme de la «première ministre d’Aotearoa-Nouvelle-Zélande».
Depuis 2018, plusieurs pétitions et contre-pétitions ont successivement demandé que le nom de la Nouvelle-Zélande soit changé ou au contraire reste le même. Plus globalement, le pays œuvre depuis plusieurs années à renouer avec ses origines en encourageant l’usage du maori – l’une de ses trois langues officielles avec l’anglais et la langue des signes.
Ce combat ne s’arrête pas à la langue. En 2015, le gouvernement néo-zélandais avait lancé un concours pour repenser le drapeau du pays, marqué du symbole de l’Union Jack britannique. Mais la nouvelle version du drapeau a finalement été rejetée par un référendum populaire après des mois de débats passionnés.
Une question de générations ?
Debbie Ngarewa-Packer, co-dirigeante du parti maori, voit dans ces atermoiements un conflit générationnel. «La population maorie est jeune : 70% d’entre elles a moins de 40 ans, 25% moins de 20 ans. De l’autre côté, la génération d’avant, élevée dans un système dont les Maoris étaient absents, a une vision beaucoup plus ‘monoculturelle’». Pour elle, la Nouvelle-Zélande, «l’une des dernières nations à avoir été colonisées», va «vivre des épisodes que d’autres pays ont déjà connus pour retrouver leur identité».
Citons l’exemple du Swaziland qui, en 2018, a officiellement changé de nom pour devenir l’Eswatini (le pays des Swazis, en langue swati). L’Australie a pour sa part modifié son hymne national, car il n’était pas suffisamment représentatif de la culture aborigène.