ITA Airways, née des cendres d’Alitalia, est en passe de tomber dans l’escarcelle du fonds d’investissement américain Certares, associé à Air France-KLM et Delta Air Lines, qui a remporté mercredi la course au rachat face aux géants MSC et Lufthansa. Le consortium emmené par Certares a été invité à entamer des négociations exclusives avec l’État italien qui détient 100% de la compagnie, a indiqué le ministère de l’Économie sans dévoiler le montant de l’offre.
Hier soir, le groupe franco-néerlandais a indiqué que « si cette opération était conclue, Air France-KLM deviendrait un partenaire commercial et opérationnel de la compagnie aérienne italienne, dans le cadre du consortium mené par Certares. A ce stade, Air France-KLM n’investit pas dans le capital d’ITA. Toutefois, le groupe Air France-KLM pourrait envisager à moyen terme de prendre une participation minoritaire dans ITA ».
ITA Airways et Air France-KLM visent l’Amérique
A l’inverse, Lufthansa n’a pas caché sa déception : « de notre point de vue, notre offre conjointe avec MSC était la meilleure solution pour ITA ». « Apparemment, un choix est en train d’être fait qui permet une plus grande influence de l’État et n’envisage pas la privatisation totale d’ITA », a commenté la compagnie.
ITA était à la recherche de partenaires afin de se renforcer surtout dans le long-courrier. Le réseau d’agences de voyages de Certares lui permettrait notamment de s’implanter davantage aux États-Unis.
Pour Air France, qui vient de nommer Pieter Bootsma, actuellement Chief Revenue Officer Air France-KLM, comme directeur général adjoint en charge de la Stratégie du groupe Air France-KLM. : « Ces opportunités comprennent notamment une présence accrue sur l’Atlantique Nord, axe sur lequel Air France-KLM, Delta Air Lines et Virgin Atlantic exploitent la joint-venture la plus importante, ainsi que la possibilité d’établir un partenariat exclusif entre les programmes de fidélité Flying Blue (Air France-KLM), Sky Miles (Delta Air Lines) et Volare (ITA – l’un des plus importants programmes de fidélisation en Italie), au bénéfice des clients de la compagnie italienne.
Un compagnie fragile
Pour Laurent Magnin, ex-président de XL Airways, cette opération « a du sens et il est préférable que ce soit Air France plutôt que Lufthansa qui remporte ce marché. L’histoire du pavillon italien est un peu délicate. Alitalia, à l’époque, ça s’est très mal passé et la gestion de cette compagnie a été une gabegie notoire. Mais cet accord est une bonne chose, particulièrement en long-courrier. De plus, le fonds Certares est dans le coup. Et Certares aime beaucoup la France. »
Pour l’héritière d’Alitalia, « un mariage est la seule façon de survivre, toute seule elle serait vouée à mourir définitivement », a expliqué à l’AFP Andrea Giuricin, économiste des transports à l’université Bicocca de Milan.
« Chaque jour qui passe, elle perd de l’argent et voit sa valeur réduite », relève-t-il. Mais le rachat d’ITA Airways « n’est pas une garantie pour sa survie » car, après un été de forte affluence dans les aéroports, « de nombreuses incertitudes planent sur le secteur aérien européen à l’automne, la visibilité est très réduite », estime Andrea Giuricin.
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