ENTRETIEN – Philosophe et sociologue spécialiste de la société postmoderne, Gilles Lipovetsky a publié de nombreux ouvrages, dont Le Sacre de l’authenticité (Gallimard) en 2021. Il revient pour Le Figaro sur les liens entre tourisme et architecture contemporaine.
LE FIGARO.- Qu’est-ce qui rend l’architecture contemporaine si attractive qu’elle engendre le voyage ?
Gilles LIPOVETSKY. – L’architecture la plus répandue est d’une extraordinaire monotonie. C’est moins de la laideur que de la banalité : les villes nouvelles sont sans charme, en mode «blanc-noir-gris». Autant le capitalisme a réussi à séduire le consommateur avec une vaste offre esthétique – design, aménagements intérieurs, musique – autant l’immense échec de l’époque, c’est la nullité de notre architecture urbaine ! Or, on assiste à une démocratisation de l’appétit pour les émotions esthétiques, les expériences et la qualité de vie ; pour l’art en général avec les Journées du patrimoine, la Nuit blanche, les nocturnes des musées, etc. Cette dualité explique l’envie des gens d’aller découvrir ce qu’il y a de nouveau d’un point de vue architectural : les musées ont la panacée, ce sont de nouvelles cathédrales. L’art permet une plus grande liberté de ton !
À lire aussiRonds-points, zones commerciales, urbanisme sauvage… Comment l’État a laissé enlaidir la France
L’architecture…