On n’avait jamais vu une telle demande. Résultats, trains, avions et bus font le plein. À cela s’ajoutent des grèves à la SNCF, dans les aéroports et les compagnies low cost. Bref, perturbations à prévoir.
Avec la crise du Covid et ses confinements, le trafic passager s’est effondré dans les trains, les avions et les bus. Et si tous les experts prédisaient un retour à la normale en 2024, voire 2025, c’était sans compter sur l’appétence des gens pour le voyage. N’en déplaise aux écologistes, la volonté et le besoin de se déplacer sont aussi vieux que l’humanité. On assiste donc cet été, et à la veille des grands départs, à un formidable engouement qui déjoue tous les pronostics et prend de court bon nombre d’opérateurs. Sur certaines destinations, les trains, les avions comme les bus affichent complets, parfois des jours durant. L’offre peine à suivre la demande et les grèves dans les gares, les aéroports et même – c’est une première – chez des low-cost comme Ryanair n’arrangent rien.
Pour pouvoir absorber ces flux de voyageurs, la SNCF a décidé d’augmenter son offre de 500.000 places, alors que son trafic était revenu à la normale depuis le printemps. Comment ? En remettant en circulation des TGV qui auraient normalement dû passer l’été au garage en attendant leur contrôle technique. Un peu comme la révision des 10.000 kilomètres de votre voiture que vous ne feriez qu’à 11.000, ces trains attendront finalement la fin de l’été pour leur contrôle. Aucune crainte à avoir quant à leur sûreté.
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Air France est une des compagnies à avoir le moins réduit son offre pendant le Covid. Elle tire aujourd’hui parti de ce pari avec un réseau fonctionnant à plein aussi bien en moyen qu’en long-courrier (sauf pour l’Asie, qui est très peu desservie en ce moment). Moins chanceuse, easyJet, après avoir licencié des milliers de salariés, peine désormais à recruter du personnel navigant et se retrouve contrainte de supprimer des centaines de vols. À cela s’ajoute la pénurie d’employés dans certains aéroports britanniques, allemands ou danois, ce qui allonge au-delà du raisonnable les files d’attente pour passer les filtres de sûreté. Certains aéroports comme Gatwick, à Londres, Amsterdam ou Frankfort en sont même venus à demander aux compagnies aériennes de réduire leur offre de 10 %. Du jamais-vu.
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Les nouvelles habitudes des passagers ont fait grimper les prix
Mais l’été sera aussi chaud côté prix. En effet, depuis la pandémie, les vacanciers ont changé leurs habitudes et achètent de plus en plus leurs billets à la dernière minute. Seulement, plus on s’approche du départ, plus ils sont chers. C’est une des règles du yield management, qui fait varier les prix à la fois en fonction de la demande et de la date de départ. Les transporteurs n’ont pas eu besoin d’augmenter leurs tarifs, les nouvelles habitudes des passagers l’ont fait pour eux ! De quoi mieux supporter l’augmentation du prix de l’électricité pour les TGV et du kérosène pour les avions.
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Psychologiquement et culturellement, cet actuel emballement pour le voyage est très intéressant. On peut le rapprocher de la « movida » espagnole qui s’est traduite par un boom culturel à la mort de Franco après des années de plomb. Après avoir été contraint, tout le monde veut profiter de la liberté et partir : qui dans un gîte, qui sur une plage, qui à la montagne. Une aubaine pour les transporteurs qui ont eu l’intelligence d’anticiper le phénomène et qui en profiteront pour se refaire une santé après des années noires et des milliards d’euros de perte. Paradoxalement, l’augmentation du prix de l’énergie leur profite aussi : avec l’envolée du prix du diesel et de l’essence, de nombreux Français auraient préféré se rabattre sur le train ou l’avion plutôt que de prendre leur voiture. Mais auront-ils le choix ? Bison Futé va chauffer encore plus aux jours de grands départs.
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