L’ampleur de la grève reconductible du 7 mars contre la réforme des retraites ne sera connue que 48 heures à l’avance. Une chose est sûre : les départs devraient être perturbés. Comment les voyagistes se préparent-ils ?
«Bloquer le pays», «mettre la France à l’arrêt» : tel est le mot d’ordre lancé par l’intersyndicale, bien décidée à durcir sa mobilisation contre la réforme des retraites. Les quatre syndicats de la SNCF et de la RATP appellent à une grève reconductible à partir du jeudi 7 mars. Reconductible : là est la différence par rapport aux mouvements sociaux de ces derniers mois. Dans les transports, mais aussi dans certains sites culturels comme les musées, les perturbations sont susceptibles de durer plusieurs jours d’affilée. De quoi rappeler le mois de décembre 2019, lors duquel les perturbations sur les rails avaient plombé la fréquentation des marchés de Noël et les grands départs de fin d’année.
Chez les professionnels du tourisme, l’heure est à l’attentisme. À moins d’une semaine de cette nouvelle mobilisation, impossible de mesurer son ampleur. Les prévisions de grève secteur par secteur sont généralement annoncées 48 heures à l’avance. «La grève a lieu après les vacances scolaires et évite donc les périodes de grands départs», se rassure Hervé Tilmont, secrétaire général du Syndicat des tour-opérateurs (Seto).
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Un «effet limité sur l’activité touristique»
À Paris, première destination touristique mondiale en 2022, seule la paralysie des transports en commun risque de gâcher le séjour des visiteurs. En revanche, rien à signaler du côté des musées et attractions. «Les journées de grèves ont eu, jusqu’à présent, un effet limité et ponctuel sur l’activité touristique globale de la destination», nous indique l’Office de tourisme de Paris. Ces perturbations se sont d’ailleurs limitées à la fermeture de la tour Eiffel (le 19 janvier) et à l’annulation de moins d’un cinquième des vols à l’aéroport d’Orly.
À ce jour, aucune compagnie aérienne n’est concernée par un préavis de grève de son personnel. Néanmoins, elles peuvent être contraintes de réduire leur programme de vols en cas de débrayage des aiguilleurs du ciel. «Pour le moment, nous n’avons pas la visibilité sur ce mouvement, indique au Figaro la direction de Transavia. Nous appliquerons les abattements demandés par la DGAC [Direction générale de l’avion civile, NDLR] 48 heures à l’avance. Le service client contactera directement les passagers concernés en leur proposant des solutions alternatives (modification du vol sans frais ou remboursement).»
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Le covoiturage et les autocars en renfort
Les annulations de vols, voilà le principal point d’inquiétude de la plupart des professionnels. «Une grève du contrôle aérien est ce qu’il y a de plus pénalisant pour notre activité. Des annulations de vols perturberaient les départs et retours de nos clients et obligeraient les voyagistes à reprogrammer certains séjours», souligne Hervé Tilmont. Les voyageurs ayant prévu de partir en dehors de l’Europe devraient toutefois être moins impactés. Les annulations touchent en effet beaucoup moins les vols long-courriers que les moyen-courriers.
La menace d’une grève ferroviaire longue et très suivie n’est pas de mauvais augure pour tous. Lors des dernières vacances de Noël, Air France a profité de la grève à la SNCF pour remplir ses vols domestiques. Pour les opérateurs de covoiturage et d’autocars longue distance, deux modes de transport alternatifs au train, c’est l’occasion de faire le plein. Ainsi, BlaBlaCar «observe une hausse de 50 % de l’activité» à chaque mouvement social. Sa filiale d’autocars, BlaBlaCar Bus, tout comme son concurrent Flixbus, sont en mesure d’affréter des cars supplémentaires en dernière minute sur les axes les plus recherchés. Pendant les vacances de Noël, Flixbus, qui a capté une partie des 200.000 voyageurs lésés du rail, avait enregistré une croissance de 15 %.
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