Des orateurs hors pair, le groupe Selectour en a connu ; Philippe Demonchy bien sûr, Martine Granier incontournable, Jean Noel Lefeuvre la Rolls, sans oublier le charisme débridé et explosif de Laurent Abitbol…
Natal Scaglia ne joue pas sur ce registre : belle prestance, bien élevé, lisse, sérieux, toujours en contrôle et jamais fébrile …. Ce ‘fils idéal’’ préfère jouer de la maîtrise du langage plutôt que celui des effets d’annonces.
Lui revenait la délicate mission d’assurer le discours d’ouverture de 12 éme congrès Selectour à Athènes. Inutile de vous dire qu’il était attendu. Encore dans l’ombre il y a peu, le voilà propulsé président de la coopérative. Son entrée dans la plénière devant les 550 participants de cette édition devait le légitimer …ou non.
Et là surprise ! Point de discours d’ouverture, mais bien un texte fondateur engageant son auteur, son groupe et par la même toute une profession en direction d’une mobilisation générale pour faire face aux défis du monde d’aujourd’hui.
Par-delà les évènements géopolitiques, sanitaires, économiques …le tourisme se voit confier la délicate mission dont la plus existentielle : accompagner toute une industrie dans la voie vertueuse du durable avec en toile de fond la volonté de sauver la planète.
Comment ? En s’appuyant sur la richesse des multiples afin de faire naître de cette diversité les solutions pour rendre le tourisme moteur de notre renouveau. Tout en nuance, mais fermement, le président de la coopérative déroule sa vision, ses convictions et ses propositions. Le tout est argumenté, étayé et parfaitement construit.
Respect.
Il y aura un avant et un après pour Natal Scaglia à l’occasion de ce congrès.
Une fois le discours déclamé, la salle vécut de ces 3 secondes un peu magiques, comme à la fin d’un opéra, ou un court silence précède les ovations.
L’après pour Natal Scaglia c’est bien cette ovation reçue de la part des 550 participants, subjugués par la force la force des mots et la pertinence des idées.
Respect
Mais le temps passe, Athènes s’éloigne et la mémoire se disperse…
Heureusement que cette présentation a été filmée, ce qui me permet de retranscrire les éléments forts de ce discours par écrit.
À la veille de Noël, voilà le un texte à savourer
Bonne lecture
Chers Adhérents, Chers Partenaires, Chers Invités, Chers Amis,
Bonjour à tous,
[…]
Tous ensemble lors de ce Congrès, autour du thème « Reconstruire », nous resterons unis et tournés vers l’avenir, sous l’égide de notre réseau Selectour.
Aujourd’hui, je vais vous parler de notre Coopérative, je vais vous parler de vous, de moi-même, je vais vous parler de nous.
Et pour ce faire, j’ai décidé de vous parler avec le cœur, comme nous le rappelait si bien St Exupéry, avec ces mots devenus célèbres et pleins de sens : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ».
Le lieu géographique se prête bien à un questionnement Socratique de circonstance : d’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? et bien sûr, où allons-nous ?
Qui sommes-nous ?
[…]
On peut d’ailleurs comprendre les angoisses de nos salariés, collaborateurs, mais on doit se souvenir que nous entrepreneur, dirigeants, nous avons la responsabilité de les absorber, de s’adapter, et de rendre de l’horizon, de la sérénité, de la vision, de l’optimisme aussi, nous avons cette responsabilité incroyable d’entreprendre !
Ainsi, lorsque l’on a subi les secousses que nous avons subi, et que nous sommes intégrés dans un monde qui bouge à ce point, évidemment, il est impératif que les points d’appui tiennent, que l’axe central tienne ! et ce centre, c’est vous chers adhérents, c’est nous tous, c’est notre Réseau !
[…]
En effet, le rôle de notre réseau, est celui de vous encourager à continuer de le faire, c’est celui de vous en donner avant tout les moyens et c’est celui de continuer de vous accompagner.
Le rôle du Conseil d’Administration et du Directoire est également clés, vous le savez : main dans la main, chaque membre œuvre pour vos intérêts, pour nos intérêts.
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Qui suis-je ?
[…]
La Corse, qui m’a construite, m’a appris une chose essentielle à mes yeux : que les ressorts d’une réussite sont avant tout portés par les valeurs que l’on a en soi, celles que l’on vous a transmises dans votre éducation, dans votre histoire, dans votre culture.
[…]
Je ne suis pas du sérail. Je suis arrivé dans ce métier en 2016 en tant que DG d’un réseau d’une 12aine de pdv. Avant cette expérience, j’ai eu le plaisir de passer 5 ans chez KPMG à La Défense où je faisais de l’audit et du conseil.
[…]
Pour autant, et malgré les soubresauts qui nous traversent encore aujourd’hui, je n’ai jamais autant cru en notre métier, en nos entreprises, aux femmes et hommes, qui contribuent à son rayonnement.
Ou allons-nous ?
[…]
A l’image de Sisyphe condamné par Zeus à faire rouler éternellement un rocher au sommet d’une colline, lequel rocher dégringole ladite colline lorsqu’il est parvenu au sommet, j’ai eu pour ma part cette sensation d’un Sisyphe amère pendant plus de 2 années.
Mais je m’empresse d’ajouter que pour Camus, Sisyphe est finalement la représentation d’un lutteur, celui qui ne cède pas au désespoir puisqu’il continue à faire rouler son rocher. Il choisit la vie envers et malgré tout, il choisit de se battre, il choisit l’espoir !
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Vous excuserez cette insertion philosophique. Mais elle me paraissait de circonstance, dans ces lieux chargés d’histoire, au sein de ce berceau philosophique et spirituel pour notre humanité.
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Professionnellement, plus les mois passent, et plus je ressens l’importance de cette crise et paradoxalement de ses bienfaits. Avouons-le-nous, la crise sanitaire nous a rendu plus agiles, plus humains, plus humbles, plus réfléchis aussi.
Nous avons eu le temps de nous tester collectivement pour connaître ceux qui avaient de l’énergie positive, ceux qui étaient dans l’angoisse, ceux qui voulaient s’en sortir. N’ayons pas peur des mots, ceux qui étaient des combattants.
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J’ai aussi découvert quelque chose que j’aurai dû savoir et qui m’a foncièrement changé : c’est cette notion d’interdépendance entre les petits et les grands. Combien notre secteur est fragile, mais pour autant, que de façon positive que ce secteur est tenu à 80% par la passion, la détermination de ses dirigeants d’entreprise.
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Chers Amis, j’ai dans cette salle beaucoup de respect et d’admirations pour bon nombre d’entre vous, même sans vous connaître tous.
[…]
Ici, certains d’entre nous ont tout vécu. Des réussites, des échecs, des guerres, des révolutions, des krachs boursiers, des cataclysme naturels / sanitaires, que sais-je encore. Vous êtes pour partie des vétérans, nos vétérans, et croyez-moi, ce mot est signe d’un profond respect d’où je viens. Des pros des stratégies de survies en milieu hostile, rompus à basculer vos habitudes. Vous êtes des modèles pour les jeunes générations dont je fais partie.
Ni passéiste ni figé, car chez vous, chez nous, rien ne se perd, tout se transforme !
[…]
Selectour, chers amis, est un réseau qui ne fait pas son âge !
[…]
Chers Adhérents, Chers Amis, les défis sont nombreux. Qu’il s’agisse du recrutement et de la formation de notre personnel, de la transmission de notre savoir-faire, de l’attractivité de nos entreprises qui passera inéluctablement par notre engagement social et sociétal, du design de nos agences, de la force de notre marque, et de notre technologie, de la recherche des meilleurs partenaires et offres, et surtout de la consolidation de nos rapports !
[…]
Enfin, je conclurais avec cette maxime de Guillaume d’Orange qui m’accompagne et m’inspire : « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer », car sans action il n’y a aucun espoir, et sans espoir, aucune action.
[…]
Que dire de plus ?
Peut-être le prolongement évincé du fameux « connais-toi toi-même » écrit sur le fronton du temple d’Appolon à Delft que Natal Scaglia venait de placer dans son discours, Athènes oblige. Cette phrase incomplète retenue par notre occident cartésien et enseignée dans toutes les écoles reste pourtant incomplète.
Dommage, le message socratique s’en trouve limité.
Au détour d’un couloir, non sans l’avoir félicité pour la force de son discours, j’osais lui apprendre que sa citation était tronquée.
Et là de nouveau une surprise. Il connaissait parfaitement la maxime entière, mais par pudeur ou plutôt par modestie il ne s’est pas permis de la déclamer, même s’il adhère.
Il adhère me dit-il, car il donne à « l’homme une dimension universelle qui brise ses limitations »
Peut-être en parlera-t-il dans un autre discours que j’aurais plaisir à vous retranscrire
En attendant, vous connaissez la phrase complète ?
La voilà : ‘’connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieux’’