Pays de glace et de feu, l’Islande entière s’incarne dans ses volcans, qui témoignent de sa vigueur géologique. Voyage dans une autre dimension.
Terre volcanique par excellence, l’Islande transporte ceux qui s’y aventurent vers une autre planète, que l’on découvre tantôt noire et hostile de lave, tantôt adoucie par l’érosion. Recouverte de nombreux volcans – près de 200 dont la moitié au moins en activité-, l’Islande se fissure de cascades assourdissantes, s’arrondit de caldeiras, étend coulées de lave et rochers sur l’océan. Providentielles, les terres des pentes volcaniques sont fertiles et une géothermie bienvenue crée des sources chaudes, bassins et lagons naturels dont la population locale – comme les touristes – raffolent.
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Prendre un cours de géologie à ciel ouvert
Féroce et tellurique, l’Islande fascine autant qu’elle questionne, précisément parce qu’elle touche à un autre temps : celui de la genèse du monde. Première source de vie, et de matière, elle nous ramène à des temps géologiques, tout en restant en perpétuelle activité. Autre source d’étonnement, l’Islande accueille la plupart des morphologies de volcans connues. Composés de plusieurs couches de lave accumulées lors d’éruptions successives, les strato-volcans forment un cône d’altitude relativement élevé que l’on reconnaît à distance. Les volcans bouclier présentent, a contrario, un cône vaste muni d’un large cratère, résultant d’une seule éruption, souvent brutale.
Les caldeiras dessinent de grandes dépressions circulaires délimitées par une falaise prononcée et les tuyas se présentent sous la forme de montagnes quasi cylindriques dont les falaises sont presque verticales. Regarder attentivement le paysage, c’est apprendre à les reconnaître à mesure que l’on parcourt les routes islandaises : géographie et géologie nous apprennent un nouveau langage.
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Escalader Katla, un stratovolcan effrayant
En 2022, le volcan qui interroge, fascine, surprend le plus est Katla, dont le nom signifie «bouilloire» : strato-volcan sous-glaciaire situé à quelques kilomètres de Vik (à 2h de route de Reykjavik), il est considéré comme l’un des plus actifs et destructeurs d’Islande. Et pour cause, il se situe sous le glacier Mýrdalsjökull (d’une surface de 600 km²) au nord-ouest de Vik et illustre, à lui seul, la force et taille des phénomènes en présence : sa chambre magmatique est en ébullition sous 200 à 600 m de glace ; sa caldeira mesure 14 kilomètres de long sur de 10 de large et 750 m de profondeur. Une éruption sous-entend qu’un flot de boue et cailloux dévalerait sur des kilomètres jusqu’à l’océan. Une idée du débit ? 100 000 m3 par seconde. Tout simplement incommensurable. Sachant que ces grands cataclysmes sont inhérents à l’histoire du pays, la population et le gouvernement se tiennent prêts à évacuer à tout moment.
Découvrir les merveilles volcaniques de Vik
Autour de Katla, le paysage sculpté par le volcan est grandiose. On s’émerveille des cascades de Seljalandsfoss ou Skogafoss, haute de 65 m, se croit aisément sur la Lune entouré d’étendues de roches et sable noir, et s’amuse à reconnaître dans le paysage de légendaires habitants islandais. De quoi parle-t-on ? De trolls, pris très au sérieux par les Islandais.
Sur la plage de sable noir de Reynisfjara, les formations de roches basaltiques – appelées Reynisdrangar – qui se dressent dans l’océan sont, selon la légende, des trolls pris au piège par les premières lumières du soleil et changés en pierre alors qu’ils essayaient de faire échouer des navires de passage. Difficile d’imaginer la taille de la coulée de lave qui a formé la plage, la force du magma qui est venu engloutir de vieux rochers pour rogner sur l’océan. On ne distingue ni la source ni le volcan depuis cet emplacement, et pourtant c’est bien là toute la puissance décuplée de Katla, géant endormi.
On rayonne autour de Vik où la nature est exceptionnelle. Les plus téméraires emprunteront le chemin de randonnée qui grimpe le long de Skogafoss pour atteindre un plateau situé entre les volcans Eyjafjallajökull (E15) et Katla. L’adrénaline monte d’un cran quand on s’aventure, à une dizaine de kilomètres de là, sur le glacier Sólheimajökull, langue glaciaire accessible qui découle de l’immense calotte de Mýrdalsjökull – qui abrite le volcan Katla. Équipé de casque, crampons et piolets par les spécialistes qui proposent cette expédition, on découvre la glace qui se creuse de ravins, fissures et autres grottes. Certains murs de glace peuvent aussi être escaladés avec les guides. À mesure que l’on gagne de la hauteur, le panorama s’ouvre. Époustouflant.
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Infos pratiques
La meilleure période pour se rendre en Islande est hors des pics touristiques. Le pays est fascinant quelle que soit la saison, mais on évite juillet et août où de nombreux touristes américains et européens affluent. Les amateurs d’aurores boréales choisiront le cœur de l’hiver, où les nuits sont (très) courtes et les températures souvent dissuasives.
Y aller : la compagnie nationale Icelandair propose des vols quotidiens (de 1 à 3) au départ de CDG et deux vols par semaine, en été, au départ de Nice. www.icelandair.com
Pour plus d’informations :visiticeland.com