En croisant les regards artistique et sociologique sur le voyage aujourd’hui, l’exposition de la Fondation groupe EDF nous amène à réfléchir sur notre présence au monde, entre besoin d’ailleurs et préservation nécessaire de l’environnement.
On reprend souvent l’adage pascalien pour expliquer que le malheur de l’homme vient « de ne pas savoir demeurer en repos, dans une chambre ». Conscient de sa finitude, il a besoin de s’éprouver ailleurs, assoiffé d’aventure, de conquête, de connaissance (des autres et de soi), préférant le risque, l’accident, voire le non-retour, à une vie répétée, ordinaire, sans relief. « Fuir la niche », résumait Nicolas Bouvier, que les poiriers cultivés amoureusement dans son jardin de Cologny ne retenaient pas bien longtemps loin des routes. Mais la belle vertu initiatique du voyage, d’Homère à Kerouac, s’est peu à peu diluée au fil des « décennies glorieuses » dans un tourisme banalisé, aseptisé, confortable, sans réelle substance.
Jusqu’à ce que la pandémie stoppe net cet emballement planétaire aussi vain que délétère. Retour dans la chambre. À réfléchir sur le sens de tout ça. Comment résoudre ce dilemme entre besoin d’évasion, billets pas chers et protection de la planète ?…