En une quinzaine d’œuvres barcelonaises dont sept classées au patrimoine mondial de l’Unesco, l’architecte du modernisme catalan s’impose comme la meilleure piste à suivre.
Lorsque en 1868, le jeune Antoni Gaudí et son frère quittent leur ville natale de Reus pour étudier à Barcelone, celle-ci est le principal pôle économique d’Espagne grâce à l’essor des chemins de fer, des industries textiles et de leur commerce avec les colonies américaines. Fils et petit-fils de chaudronnier, l’architecte dira « sentir et voir l’espace, car le dinandier fait d’une surface un volume et visualise l’espace avant de se mettre au travail ».
Nul ne sait encore que ce diplômé féru de volumétrie deviendra le héraut du modernisme catalan et marquera la ville à jamais. Alors qu’il participe à l’Exposition universelle de Paris en 1878 (il n’a que 26 ans), il rencontre un jeune héritier très en cour, Eusebi Güell. En quarante ans d’amitié, ce grand bourgeois éclairé sera un fidèle mécène.
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Ses cheminées, sources d’inspiration de Star Wars
Un beau jour arrive la première commande : la Casa Vicens à Gràcia, alors en périphérie de la ville. Bien qu’aujourd’hui tronqué de son parc originel, ce chef-d’œuvre mudéjar magnifiquement restauré préfigure le soin de Gaudí à faire entrer la nature partout, « un grand livre ouvert que chacun doit s’efforcer de lire », en convoquant les arts décoratifs les plus novateurs. Depuis son ouverture au public en 2017, sa cour ombragée et son café offrent une pause idéale. Güell confie d’abord à Gaudí les abords de sa finca. En résultent l’étonnant dragon du portail et l’utilisation du fameux trencadís, faïence colorée, vernissée et cassée, trencar en catalan, qui devient sa signature. Puis vient la construction du Palau Güell (1885-1890), en plein Raval, scellant les fondements de son architecture. Vingt cheminées dessinent sur le toit un jardin de sculptures inédit tandis que la succession d’arcs paraboliques libère la structure du bâtiment.
Dans le quartier de l’Eixample en plein boum, Gaudí applique une même rupture stylistique et structurelle à la Casa Milà (1906-1912). À nouveau, l’œuvre d’art totale faite d’ondes fantasmagoriques et de cheminées théâtrales (les guerriers de Star Wars s’en sont inspirés !) se révèle un symbole du ciel barcelonais. À quelques pas, la Casa Batlló , autre demeure iconique du Passeig de Gràcia, exprime la suprématie de la couleur et de la courbe, déjà initiée quelques années auparavant au Parc Güell , joyau bucolique qui fête en 2022 le centenaire de son rachat par la ville.
Avec la crypte de la Colònia Güell (1898-1917), Gaudí expérimente les colonnes inclinées et le plafond hyperboloïde qui s’imposent en laboratoire de la Sagrada Família , projet démiurge. Si on ne connaît toujours pas la date d’achèvement de celle-ci (longtemps espérée en 2026, centenaire de sa mort), on sait que l’architecte aura consacré à « la Cathédrale des pauvres » quelque quarante-trois ans de sa vie. À ses pieds, on retrouve aujourd’hui l’école ouvrière restaurée, émouvant témoignage d’une vision sociale exemplaire. Et inaugurée en décembre dernier, une nouvelle étoile en haut des 138 mètres de tour de la Vierge, une première depuis 1976.
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Carnet pratique
SE RENSEIGNER
Office de tourisme de la Catalogne.
Y ALLER
Vueling assure 10 rotations par jour entre Paris et Barcelone, à partir de 45 € l’aller.
OÙ DORMIR
Située Passeig de Gràcia, Casa Fuster est un bâtiment moderniste (architecte Lluís Domènech i Montaner, émule de Gaudí) abritant un hôtel 5 étoiles, à partir de 260 € la nuit.
BONNE TABLE
Fonda España, l’auberge du chef étoilé Martín Berasategui allie cadre moderniste et gastronomie.
À VOIR À PARIS
L’exposition Gaudí au Musée d’Orsay, du 12 avril au 17 juillet 2022.