Pas de coup de chaud qui vaille dans le Cotentin ! Les raisons de prendre l’air dans la cité de Cherbourg et sa presqu’île, avec ses paysages originels de bouts du monde, sont nombreuses. Panorama.
Mercredi 13 juillet. Les cartes météo des présentateurs de télévision sont sans appel. Une seule station indique encore moins de 25 degrés pour le week-end du 14 juillet dans l’Hexagone : Cherbourg-en-Cotentin. Les JT évoquent l’épisode caniculaire. La France suffoque. La Toile s’enflamme et, surtout, panique en comprenant que la ville aux parapluies de la péninsule normande est devenue la dernière « ville-refuge » de France.
Les Cherbourgeois, eux, savourent leur fraîcheur (relative, tout de même !) et hésitent à communiquer : faut-il prévenir les « horsains » (les étrangers, en parler local) des délices préservés de leur cadre de vie au risque de sombrer, un jour, sous un tourisme de masse ? P’tet ben que oui, p’tet ben que non… Les raisons de se mettre au frais dans la cité portuaire de Cherbourg et de sa Presqu’île, avec ses paysages originels de bouts du monde, entre ses longues plages désertes, ses landes de bruyères sauvages et ses falaises granitiques, sont pourtant nombreuses. Alors : le dire ou pas ? Le Figaro rompt l’omerta : c’est oui…
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Le centre-ville de Cherbourg
Pourquoi prendre un guide touristique lorsqu’il suffit de flâner, à l’instinct, simplement, sans but plus précis que le plaisir, dans le cœur de cette ville historique dont les fondations remontent à bien avant les Romains ? Ici, au détour d’une venelle, petite ruelle pavée moyenâgeuse, la brise marine n’est jamais loin pour caresser le passant. Le crachin non plus. La couleur de certaines façades, ici violette, là verte, rappelle la tradition des marins-pêcheurs qui repeignaient leurs maisons avec les restes des peintures des coques de bateaux. Ce qui n’est pas sans donner un petit air scandinave à la ville qui connut, aussi, les Vikings.
Sinon, le bleu des pierres en schiste de ses vieilles maisons est juste inimaginable de pureté. La basilique de la Trinité, millénaire, subtil mélange de Roman et de Gothique, est là, face à la plage Napoléon, pour rappeler le passé « marial » de la ville (que les Anglais quittèrent un 15 août, jour de l’Assomption en pleine guerre de Cent-Ans). Et que dire de son théâtre à l’italienne, récemment rénové, vestige d’un passé très Louis-Napoléonard, que le Fort de la montagne du Roule, qui domine la cuvette cherbourgeoise, surveille ?
Un bon plateau de fruits de mer sur le vieux port au restaurant Le Café de Paris, 40 quai de Caligny. Menus à partir de 26,50 €. Tél. : 02 33 43 12 36.
Les quais
Cinq ports, cinq ambiances. Entre son bassin du commerce et ses chalutiers colorés, le quai de la gare transatlantique Art Déco qui accueillit en son temps le Titanic, ceux de la nouvelle gare maritime avec ses touristes irlandais ou anglais, le port de plaisance (1700 places) avec ses régates hebdomadaires et son Yacht-Club, ou encore le vieux bassin pour la petite pêche… Se perdre sur les quais parfois humides de Cherbourg est un plaisir à ne surtout pas bouder. Iode, authenticité, goélands argentés garantis.
Une promenade en mer pour découvrir le port de Cherbourg, la plus grande rade artificielle au monde. Visite commentée d’une heure à bord de l’Adèle. Départ depuis le pont tournant : compter 14,60 € par adulte et 10 € par enfants. Tél. : 06 61 14 03 32.
La Hague
Ses falaises et les plages de sable fin de la côte ouest dite des Îles: Chausey, Jersey, Guernesey ne sont qu’à quelques miles seulement. Autant dire à vue d’œil par beau temps ! Sinon, désolé, mais il est impossible de décrire la beauté insolente et capricieuse des landes de la Hague. Elles changent de couleurs cinq à dix fois par jour. Entre genêts jaunes et bruyères violettes. Entre moutons et vaches dissimulés derrière des petits murets de pierres recouverts de champignons. Parfois perdues dans des bruines à faire pâlir le chien des Baskerville. Parfois minaudant devant un coucher de soleil sur une mer incertaine de la Manche. Certains évoquent l’Irlande. D’autres l’Écosse. Ce n’est que notre Hague. Sublime de beautés à en pleurer. Ici, les éléments sont encore chez eux.
Une nuit à l’hôtel L’Erguillière face à la mer et dominant le plus petit port de France : Port Racine à Saint-Germain-des-Vaux. Chambres entre 90 et 160 €. Tél. : 02 33 52 75 31
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Bocage, donjon et vieux manoir
Haies touffues, ormes finissants, chênes centenaires. Vergers. Pommiers. Châteaux, souvent en ruines, parfois rénovées. Fermes fortifiées en pierres bleues et vieux pigeonniers. Routes tortueuses et gros tracteurs : la campagne cotentinoise est restée authentique. Presque un miracle ! Grasse de verdure (même l’été), grasse de gazouillis au lever du jour. Les jours de marché, dans les petits bourgs, on mange encore des saucisses grillées avec des frites dans des barquettes. Inimitables.
Une petite bolée au Musée régional du cidre de Valognes. Rue du Petit Versailles. Tél. : 06 75 89 89 52.
Phares, forteresses et légendes
Sur la côte est : le Val de Saire. Autrement dit l’anse du Brick, Barfleur, Saint-Vaast-la-Hougue, ou encore le phare du Cap Lévi. Encore des beautés insaisissables ! Uniques. La noblesse normande s’y est perdue sur un esquif un soir de tempête. C’était en 1125. Ici, les marées ont de forts coefficients. Les locaux affirment même qu’il y fait « quatre saisons par jour ! ». Le pull marin et le ciré jaune sont à mettre dans le même sac que le maillot de bain et la crème solaire. Ici on prévoit : « C’est même à ça qu’on reconnaît un gars du coin d’un Parisien ! », dit-on…
Les lignes touristiques des bus Cap Cotentin permettent de visiter en toute quiétude les plus beaux endroits de la côte, mais aussi du bocage cotentinois. Gare routière située en face de la gare SNCF.
Carnet pratique
Y ALLER
En train
Paris Gare Saint-Lazare – Cherbourg, plusieurs trains directs par jour. Compter 3 h 30.
En voiture
Paris-Cherbourg, 356 kilomètres. Compter 3 h 50.
Plus de renseignements
Office de Tourisme du Cotentin, 14 quai Alexandre III, 50100 Cherbourg. Tél. : 02 33 93 52 02