REPORTAGE – Alors que l’exposition «Pharaon des deux terres. L’épopée africaine des rois de Napata» se tient au musée du Louvre, Le Figaro est parti en Nubie, au nord du Soudan, aux sources de cette Afrique grandiose et méconnue.
Les idées reçues ont la vie dure. Longtemps, la Nubie, ce vaste territoire qui s’étend de la confluence du Nil Blanc et du Nil Bleu (Khartoum) à la première cataracte (au sud d’Assouan), a été considérée par les archéologues comme une terre sous seule influence égyptienne. Une banlieue de Louxor. À Soleb, on serait tenté de leur donner raison. Nous voici au bord du Nil, à dix heures de route au nord de la capitale soudanaise. Dans le jour finissant, le temple dédié au dieu Amon par Amenhotep III impose ses colonnes gravées de hiéroglyphes sur fond de palmeraie. Les chapiteaux en forme de lotus, les colonnes cannelées, les cartouches et les bas-reliefs siglés d’Horus ou d’Amon… Oui, c’est bien la grande Égypte antique, celle du Nouvel Empire, qui défie le temps sur les bords du fleuve sacré. Mais contrairement à Karnak ou à Abou Simbel, pas un visiteur pour troubler le silence du crépuscule. À 50 kilomètres de là, à Sesibi, le soleil se couche sur les ruines du temple d’Aton, le dieu solaire…