GRAND REPORTAGE – Chaque hiver, les Charentes vivent au rythme des alambics. De Cognac à l’estuaire de la Gironde, une magie s’opère à l’issue de la double distillation : la transformation du vin en cognac, la «liqueur des dieux». L’occasion d’une virée entre chais de vieillissement, abbayes ancestrales et maisons de négoce.
«C’est dans la nuit des chais et de vieux fûts couleur de terre que le cognac lentement s’améliore. Depuis des siècles, les bâtiments, les procédés, les gestes sont pareils, car nul progrès ne peut modifier sans préjudice une réussite parfaite et certaines méthodes à jamais excellentes.» Nul mieux que Jacques Chardonne n’a su retranscrire l’univers précis, raffiné et multiséculaire des maisons de négoce qui, de Cognac à Barbezieux-Saint-Hilaire, ont fait la fortune et la gloire des Charentes. Rien ici ne dépasse la mesure. Au départ d’Angoulême, en suivant la Charente, nous entrons dans une campagne calme, douce, à peine vallonnée. Le plus grand vignoble de raisins blancs de France s’est construit lentement, sans faire de bruit, à force de labeur et de sagesse.
La guerre de Cent Ans, puis les guerres de Religion ont sévi durement ici, forgeant une mentalité prudente, si ce n’est méfiante, et une architecture défensive. Jarnac prend des airs hautains (mitterrandiens, pour tout dire, puisqu’il…