Cette loi pénalise aussi le concubinage, les couples non mariés habitant ensemble risquant jusqu’à six mois de prison. Le gouverneur de l’île la plus touristique du pays assure que les touristes seront épargnés.
Le tourisme en Indonésie va-t-il prendre du plomb dans l’aile ? Une décision adoptée le 6 décembre par le parlement fait couler beaucoup d’encre. Ce dernier a approuvé une série d’amendements interdisant les relations sexuelles hors mariage ainsi que le concubinage. Un projet dénoncé par différents groupes de défense des droits humains et plusieurs personnalités, dont l’écrivaine indonésienne Julia Suryakusuma. Pour eux, le texte constitue une atteinte aux libertés civiles et aux droits de la communauté LGBTQ dans l’archipel. Si le texte touche de plein fouet les Indonésiens, certains pays, comme les États-Unis, ont également fait part de leur crainte pour leurs propres ressortissants. Avec une question : les touristes non mariés pourront-ils séjourner ensemble dans une chambre d’hôtel du pays sans être inquiétés ?
Le questionnement est d’autant plus fort à Bali, l’une des places fortes du tourisme en Asie. L’île indonésienne, à majorité hindouiste, est réputée pour ses mœurs plus libérales que celles pratiquées dans le reste du pays. Wayan Koster, le gouverneur, a tenu à rassurer les futurs voyageurs dans un communiqué. Celles et ceux qui «visitent ou vivent à Bali n’auront pas à s’inquiéter de l’entrée en vigueur du Code pénal indonésien», a-t-il insisté. Et d’ajouter : «il n’y aura aucune vérification de l’état matrimonial lors de l’enregistrement dans les hébergements touristiques (…) ni d’inspection par des fonctionnaires ou des responsables communautaires».
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«Contre-productif»
Cette annonce calmera-t-elle les craintes de certains voyageurs ? Le texte adopté par le Parlement indonésien, dont l’entrée en vigueur est prévue en 2025, rend passibles d’un an de prison les relations sexuelles hors mariage et de six mois d’emprisonnement la cohabitation des couples non mariés. Comme le rappelle Wayan Koster, les poursuites ne peuvent être engagées qu’en cas de plainte par un parent, un conjoint ou un enfant. En d’autres termes, les touristes étrangers ne devraient pas être touchés par ces nouvelles règles, ni à Bali, ni dans le reste du pays. Les autorités indonésiennes ont tenté de rassurer les futurs voyageurs et les sociétés vivant du tourisme. «Je veux m’adresser aux touristes étrangers en leur disant : ‘Venez en Indonésie, vous ne serez pas poursuivis par cet article’», a notamment déclaré Edward Omar Sharif Hiariej, le vice-ministre de la Justice et des Droits humains en Indonésie, à des journalistes, propos repris par l’AFP.
Reste désormais la symbolique. Beaucoup dénoncent, à travers cette nouvelle législation, l’évolution de l’Indonésie – pays à majorité musulmane le plus peuplé au monde – vers une forme de fondamentalisme religieux. Pour les acteurs locaux, se pose toujours la question de l’impact de cette loi sur l’activité touristique. Maulana Yusran, chef adjoint du conseil de l’industrie touristique indonésienne, a déclaré que ce nouveau Code pénal était «totalement contre-productif», surtout à un moment où le tourisme repart à la hausse après deux années de pandémie.
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