Mon hôtel au bout du monde (2/5). Après avoir été captivés par le magnétisme de Sumba, île sauvage du sud-est indonésien, Evguenia et Fabrice ont décidé d’y ouvrir Cap Karoso, un établissement en symbiose avec la nature environnante et la culture marapu. Un secret encore bien gardé.
LE FIGARO. – Pourquoi avoir quitté la France ?
Nous avions envie de changement dans nos vies professionnelles respectives, Fabrice dans l’e-réputation, et moi dans le marketing au sein du groupe LVMH. Nous avons pris deux mois de vacances pour faire tout ce dont on rêvait : un roadtrip dans le Pays basque axé sur la gastronomie, une traversée de la Norvège en isolement total entre Oslo et Tromsø et un séjour à Bali pour le côté festif. Quand nous étions en Indonésie, des amis nous ont parlé de Sumba. Une île très isolée, sauvage, mais accessible malgré tout. La graine était plantée. Six mois plus tard, nous avons pris des billets d’avion. À l’arrivée, nous avons essuyé une tempête, des pluies battantes, une catastrophe ! Pourtant, on a tous les deux pensé que nos vies seraient incroyables si cet endroit en faisait partie. Et c’est ainsi que nous avons commencé à travailler sur ce projet hôtelier.
Qu’est-ce qui vous séduit à Sumba ?
Sumba, c’est un anti-Maldives. Historiquement, elle est l’une des îles les plus pauvres d’Indonésie car géographiquement très enclavée et pourvoyeuse d’esclaves. On pourrait la comparer à ce qu’était Bali il y a cinquante ans. Elle est deux fois plus grande en termes de superficie, mais fréquentée seulement par 25 000 touristes par an. Autour de notre resort, on peut faire de la bicyclette pendant une heure sans croiser personne. Les anthropologues se sont beaucoup intéressés à Sumba car des cultures traditionnelles y sont encore vivaces, qu’il s’agisse de la musique, des danses ou des sacrifices de buffles. L’artisanat ancestral s’est perdu avec l’interdiction de la religion marapu sous le régime de Soeharto. À Cap Karoso, nous prévoyons justement d’accueillir des artistes en résidence pour redynamiser ce patrimoine.
Quelle est la French touch de Cap Karoso ?
L’esprit artistique est au cœur de l’hôtel, dans les chambres comme dans les espaces communs. Pour les Français, l’art, l’artisanat, la culture et le luxe vont naturellement ensemble. Ce n’est pas le cas partout. Nous sommes attachés à l’excellence dans les rituels de service. Choisir les bonnes céramiques pour nos assiettes, le verre adéquat pour chaque boisson… En cuisine, on ne part pas des recettes, mais de l’ingrédient. Nous travaillons un menu en fonction des produits disponibles, de la saison, du bon sens. Nous avons conçu notre ferme avec un agriculteur de Menton, qui va fournir nos restaurants en œufs, fruits et légumes. Cap Karoso, c’est tout cela à la fois : de la gastronomie, un esprit sauvageon et une atmosphère communautaire. Le luxe décontracté en somme.
Cap Karoso. À partir de 230 € la nuit en chambre double et 500 € pour une villa de 2 chambres, petits déjeuners inclus.