Les propos polémiques de l’entraîneur du PSG ont soulevé la question du déplacement trop récurrent des équipes de football en jet privé. Certains clubs ont en réalité déjà recours, même ponctuellement, au transport ferroviaire.
La plaisanterie n’est pas passée. Ce 5 septembre, Christophe Galtier, l’entraîneur du PSG, a choisi l’ironie pour répondre à la proposition d’Alain Krakovitch, le patron des TGV, qui a épinglé le club de foot parisien après avoir pris un avion pour aller à Nantes. Pour rappel, Paris n’est qu’à deux heures de train du chef-lieu de la Loire-Atlantique. Interrogé aux côtés de Kylian Mbappé, hilare, l’entraîneur a fait un trait d’humour : «Nous essayons de voir si l’on ne pourrait pas se déplacer en char à voile».
Cette réponse mal perçue en plein débat sur la sobriété énergétique a déclenché une réaction en chaîne, dont celle de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. «M. Galtier, vous nous avez habitués à des réponses plus pertinentes et plus responsables – on en parle ?», a tweeté la haute responsable politique. Avant d’en dire plus sur Franceinfo : «Je trouve ça très intéressant ce type d’interpellation et ça me fait d’ailleurs penser à la collaboration qui existe entre le Real Betis et la Renfe, qui est l’équivalent de la SNCF en Espagne.»
Des initiatives saluées à l’étranger
L’utilisation du train par les équipes de football doit-elle devenir une évidence ? Elle est en tout cas possible, comme nous le prouvent de rares clubs. Comme le cite la ministre des Sports, le Real Betis Balompié de Séville fait figure d’exemple sur le sujet. Le club de première division a renouvelé son partenariat avec le rail espagnol pour réaliser ses déplacements de la saison en train.
En août dernier, l’équipe de Liverpool a également opté pour un voyage en train, plutôt qu’en avion, afin de se rendre à Fulham, au sud-ouest de Londres. Les joueurs ont ainsi effectué un trajet sur les rails pendant quelque 350 km. Une initiative qui n’a pas manqué de faire parler sur les réseaux sociaux. En témoigne un cliché, où l’on peut voir l’ensemble des joueurs alignés sur le quai.
Il faut dire qu’au Royaume-Uni, la question fait tout autant débat qu’en France. En octobre dernier, Manchester United a été épinglé après avoir pris l’avion jusqu’à Leicester pour un vol de… 10 minutes. D’ores et déjà, au vu des potentielles polémiques, des clubs, notamment en Angleterre, ne rechignent plus à effectuer une partie de leurs déplacements en train.
L’Italie, bon élève sur le sujet ?
En pleine période de «plane shaming», certains ont même fait de la pratique ferroviaire une image de marque. C’est le cas de l’AS Rome, à travers son entraîneur, José Mourinho. En août 2021, ce dernier s’est affiché sur les réseaux sociaux, dans un train avec une pizza et un Coca-Cola, ramenant son équipe depuis Naples.
De quoi renforcer la bonne image de l’Italie sur le sujet. L’équipe nationale du pays se déplace en effet souvent en train pour rallier les différents stades depuis son centre d’entraînement, situé à Florence. Une initiative également suivie par des clubs de série A, comme la Juventus Turin.
La privatisation des trains proposée par la SNCF
Quid de la France ? La SNCF propose la privatisation de trains entiers ou d’une ou deux voitures de première pour permettre le déplacement des jours. Un service qu’elle a mis en œuvre 300 fois au cours du premier semestre, selon ses dires. Pour le PSG, ou d’autres équipes françaises, une question reste majeure. Comment transporter les joueurs sans créer d’émeutes au niveau des gares ? Une interrogation à laquelle la compagnie ferroviaire répond : elle peut assurer la sécurité grâce à ses propres services, avec une aide éventuelle du service d’ordre du club. Elle aurait déjà transporté plusieurs équipes de rugby, ainsi que des clubs de foot féminins et masculins de L1. Des clubs, certes d’une certaine importance, mais dont la popularité n’atteint pas celle du PSG, par exemple.
Du côté de l’équipe parisienne, on semble réfléchir à la question. Toutefois, les réticences sont nombreuses. Le train reste «plus compliqué» à gérer pour les mêmes raisons évoquées plus haut, dévoile la communication du club auprès de Franceinfo. Car en plus des questions de sécurité, le PSG tient absolument que ses joueurs rentrent le jour même du match. Une exigence qui impliquerait l’utilisation de trains de nuit. La solution est tout à fait envisageable pour la SNCF.
Le PSG, complètement réticent à l’idée du train ? Pas si sûr. L’équipe a eu recours au transport ferroviaire lors de son Japan Tour 2022, en juillet dernier. Ils ont notamment pu emprunter le Shinkansen, l’un des trains à grande vitesse du Japon. Une expérience que le club n’a pas hésité à partager avec le grand public.